Les avenirs inégalement répartis des récits climatiques

Résumé

La distinction entre fiction spéculative et fiction réaliste repose souvent non pas sur la question de savoir si un scénario décrit une possibilité future, mais plutôt sur son lien avec les réalités géographiques, sociopolitiques et économiques contemporaines. Une approche courante —mais réductrice— de la fiction climatique dans le Nord global consiste à la présenter comme des récits d’avertissement pour un avenir lointain, plutôt que comme une exploration sincère des diverses conséquences des processus de dégradation environnementale. Nick Wood et Faeza Meyer qualifient ce phénomène d’« apartheid climatique », pour désigner la manière dont les populations privilégiées, étant davantage protégées des impacts climatiques immédiats — du moins pour le moment —, tendent à produire des représentations plus abstraites ou moins urgentes de la dégradation environnementale dans leur fiction (31). Cela crée une préférence pour le genre spéculatif afin d’imaginer les effets et les conséquences de la crise climatique. À l’inverse, les auteur·e·s du Sud global décrivent souvent des luttes de survie et des inégalités systémiques enracinées dans des préoccupations plus immédiates et pressantes (Sankaran 114). Leur fiction est davantage apte à remettre en question les récits dominants et détachés, et à plaider pour un paradigme de justice environnementale qui s’attaque aux structures inégalitaires actuelles, lesquelles n’ont pas besoin d’être imaginées comme dystopiques.

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