Écrire en migration (s) : le bazar de la migration en contexte dans Black bazar d’Alain Mabanckou

Writing in migration (s): the bazaar of migration in context in Alain Mabanckou's Black Bazaar

Didier ANOH BROU

Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire

anohbroudidier[at]yahoo.fr

Impossibilia. Revista Internacional de Estudios Literarios. ISSN 2174-2464. No. 19 (mayo 2020). Monográfico. Páginas 01-19. Artículo recibido 30 septiembre 2019, aceptado 08 mayo 2020, publicado 30 mayo 2020

Résumé : La question de la migration postcoloniale a fait l’objet de plusieurs récits testimoniaux et je me propose d’en explorer un dans le cadre de cet article : Black bazar d’Alain Mabanckou (2009). Cette étude vise à analyser la réalité migratoire qui est à l’origine d’une écriture postulant le double inventaire des pôles déictiques de l’ici et de l’ailleurs. Il sera ici question de montrer comment Mabanckou représente les transferts culturels en contexte migratoire, lesquels conduisent à des échanges discursifs complexes, à des représentations individuelles et collectives marquées par le trauma du départ, par l’immigration et par « l’ impossible » intégration ainsi qu’à des postures d’énonciation plurielle à partir desquelles des sujets migrants engagent le lecteur dans des réflexions sur une réalité postcoloniale traumatisante liée à la migration : le drame de la migration des Africains vers l’Europe, notamment en France.

Mots-clés : Migration, écriture migrante, ici et ailleurs, transfert culturel, postcolonial

Abstract: The question of postcolonial migration has been the subject of several testimonial stories and I plan to explore one as part of this article: Alain Mabanckou's Black Bazaar (2009). This study aims to analyze the migratory reality which is at the origin of a writing postulating the double inventory of the deictic poles of here and elsewhere. The aim here is to show how Mabanckou type represents cultural transfers in a migratory context – which lead to complex discursive exchanges, to individual and collective representations marked by the trauma of departure, by immigration and by « the impossible » integration – to postures of plural enunciation from which the migrant subjects engage the reader in reflections on a traumatic post-colonial reality related to the migration: the drama of the migration of Africans to Europe, especially in France.

Keywords: Migration, migrant writing, here and elsewhere, cultural transfer, postcolonial

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Introduction

Quand, entre 1980 et 1990, des intellectuels africains qu’Abdourahaman Waberi a appelés « les enfants de la postcolonie » (1998 : 8-15) émigrent en Occident pour des raisons diverses, certains parmi eux sont soucieux de transcrire l’expérience migratoire dans les pages d’un roman. L’écriture de la migration marque ainsi un tournant important dans l’émergence d’une littérature qui laisse apparaître une nouvelle génération d’écrivains dont les écrits s’inscrivent dans la rencontre entre l’Afrique et l’Occident à partir de l’image du migrant. Et pour cause, l’Afrique, terreau des conflits armés et de la misère, est l’un des points principaux de départ vers ce que les migrants considèrent comme un monde meilleur pour fuir leurs sociétés d’origine où plus rien ne va. En général, la condition du Sujet migrant est le marqueur dominant des textes narratifs. Ceux-ci mettent en évidence une réalité sociologique continuant d’écorcher l’image de l’Afrique. Mais, force est de constater que cette fictionnalisation de la migration est à la fois le lieu du procès de la société d’accueil qui méprise et martyrise le migrant, et l’occasion de dénoncer des attitudes du migrant qui jettent le discrédit sur l’Afrique. Black bazar (2009) d’Alain Mabanckou en est une preuve incontestable, où la représentation des réalités de la migration peut être perçue sous l’angle d’un double procès : celui de l’Occident et de l’Afrique.

Adossée à la démarche sociocritique théorisée par Claude Duchet ou encore Pierre Zima auxquels on peut ajouter Edmond Cros dans ce qu’il appelle « le sujet culturel », Pierre Bourdieu qui mit l’accent sur « le champ littéraire » et Marc Angenot dans sa théorie du « discours social », cette étude, qui épouse les formes épistémologiques de l’écriture migrante, montre comment le roman de Mabanckou transcrit la migration en mettant dos à dos les deux figures phares du processus migratoire que sont le Sujet migrant et la société d’accueil. Partant de l’hypothèse selon laquelle la réalité migratoire imprime une écriture qui postule le double inventaire des pôles déictiques de l’ici et de l’ailleurs, la présente contribution pose la problématique de la migration en des termes plus complexes, c’est-à-dire dans le rapport que le Sujet migrant a avec sa terre d’accueil. Il s’agira, plus précisément, de faire une lecture critique, d’une mise en texte binaire du discours de Mabanckou sur la migration, de montrer les différentes parts de responsabilités liées au sujet de la migration, et d’analyser la portée scripturale d’une écriture en migration (s).

1. Le bazar de la migration en texte

L’expérience de la migration est au cœur de l’écriture de Black bazar, dont la « géographicité » (Mabenga, 2007 : 273-285) s’inscrit dans le cas spécifique du roman francophone migrant qui a fait émerger, après 1980, des écrivains qui « écrivent, publient et vivent hors de leur continent d’origine, et leurs œuvres évoquent, à la fois, la France, l’Afrique et la condition de l’étranger en Europe » (Mabanckou, 2012 : 150). Ceux-ci décrivent les réalités liées à l’immigration, les conditions de vie dans le pays d’accueil qui semble être un espace de tourment, ayant en mémoire les raisons qui ont conduit à leur migration. La thématique de l’immigration, avec ses avatars systémiques dont l’origine se trouve dans le trauma du départ, domine dans le roman de Mabanckou construit sur le schéma classique de l’écriture migrante : Terre d’origine (Afrique), puis voyage-intégration (Europe). Décrivant le caractère déstabilisant du pays d’accueil et les mutations identitaires qui influencent le parcours du Sujet migrant, le roman de Mabanckou installe le lecteur dans le drame migratoire en érigeant la migration/l’exil comme point de crise. Rien n’échappe au discours de la migration centré sur certains paradigmes contextuels et problématiques comme le sexe, le racisme, la culture, la violence, l’identité… L’espace mouvant et sa reconfiguration sont porteurs d’une écriture migrante dont les signes sont perceptibles dans la forme du roman.

À travers la difficulté d’intégration sur le sol français dont la part de responsabilité est partagée par le migrant et sa société d’accueil, la problématique de l’Afrique et ses crises ainsi que le drame de l’immigration semblent se poser en termes d’échec des politiques de migration/intégration, lequel « taraude forcement l’esprit » (Kasimi, 2012). Se trouve ici en jeu le « comment transcrire la réalité migratoire » en termes plus complexes qu’une simple lecture des réalités sociales et politiques comme celles proposées par les premiers romanciers africains de la seconde génération, dont les écrits étaient essentiellement tournés vers la critique de la gestion des nouveaux dirigeants africains.

À titre d’illustration, Fesselogue, le personnage central du roman, est pris entre les mailles des dures réalités de la migration. Il n’est malheureusement pas le « citoyen du monde », celui qui devrait être accepté partout et se sentir comme chez lui, dont rêve Mabanckou et par lequel il se définit lui-même comme n’étant pas le bienvenu en France, pays/territoire qui « ne peut plus héberger toutes les misères du monde » (Mabanckou, 2012 : 6). Son parcours est somme toute émaillé de soubresauts, de tumultes, de questionnements offrant une réflexion sur une illusion du moi autour de ce que Janet Paterson appelle « une identité complexe […] hors des enclos des souvenirs » (2009 : 15-16). Une analyse de l’impact de la migration sur le parcours du Sujet migrant permet de saisir la difficile transition/relation entre l’Afrique et l’Occident, entre le monde-cauchemar (l’Afrique) et l’espace rêvé par le migrant (l’Europe) qui a du mal à se construire une identité stable et non « complexe ». Cette réalité est à la base d’une écriture de la désillusion et du dépaysement du fait des tourments, des souvenirs et des désirs insatisfaits. On y découvre des personnages migrants qui évoluent dans le bazar qu’offre une terre d’origine aux souvenirs presque inexistants, pourvue d’une sensation de non-retour, et une terre d’accueil crisogène aux multiples facettes.

Considéré par son auteur comme le complément de Verre cassé (Mabanckou, 2005) et Mémoires de porc-épic (2006), Black bazar est l’illustration parfaite de la marginalité de la vie de certains personnages dans un monde oppressant qui semble être le motif de l’écriture d’un roman social, migrant. Le fondement de l’écriture du roman est à rechercher dans les préjugés qui continuent de nourrir les questions liées au colonialisme, au communautarisme, voire à la culture, auxquelles fait face le monde noir. Connaisseur des réalités de la société africaine et celles de Paris, Mabanckou dresse une sociologie du parcours des migrants africains qui a tout l’air d’un bazar. Ce bazar s’observe dans le difficile parcours des personnages du roman et leur désir de se construire une vie de rêve, eux qui fréquentent des endroits malfamés et les milieux nostalgiques de Paris (le Jip’s, les boîtes de nuit, l’Alizée, le Château Rouge, le Cœur samba dans le 16e ou le 8e arrondissement, etc.), et dont la vie est un véritable chemin de croix. Africain à la recherche du bien être dans la galère de Paris, le héros de Black bazar est soumis aux tristes conditions du monde occidental, à tel point que son témoignage de la migration navigue entre complainte et dérision, nostalgie et désillusion au cœur d’un monde en déclin. De fait, le cadre du témoignage que propose le narrateur, qui découvre sa vocation d’écrivain suite à un chagrin d’amour (sa compagne l'a quitté pour un joueur de tam-tam et a emmené leur petite fille), amène à s’interroger sur les douleurs de la colonisation, qui ne semblent pas avoir été évacuées par les uns ni par les autres.

En effet, la mémoire de la colonisation parcourt le roman. Les propos trahissant un imaginaire colonial qui continue d’habiter les esprits, de susciter des réminiscences qui sont le produit d’une page de la colonisation difficile à tourner, permettent de saisir le poids du passé et les enjeux d’un combat idéologique. M. Hippocrate, « ce voisin » au caractère trempé que le héros a du mal à supporter, lui qui a « la malchance d’avoir son studio collé » à son appartement (Mabanckou, 2009 : 34), ne cesse, par exemple, de rappeler ce que la colonisation n’aurait jamais manqué ou cessé d’être. Le narrateur rapporte ses propos en ces termes :

Il dit que les colons n’ont pas bien terminé leur boulot, qu’il leur en veut à mort pour ça, qu’ils auraient dû nous fouetter encore plus pour nous inculquer les bonnes manières. Le problème des colons français, c’est qu’ils ne sont jamais allés jusqu’au bout des choses (2009 : 35-36).

Ces propos soulèvent la problématique postcoloniale de la migration qui « fournit une clé de lecture de la société d’immigrés noirs à Paris et des groupes sociaux ghettoïsés de par leurs statuts de résidents provisoires ou de parias » (Tarquini, 2015 : 79-100). Les questions migratoires et les problèmes qu’elles soulèvent posent la condition des Africains migrants en termes de conflits entre l’Afrique et l’Occident au regard d’un héritage colonial difficile à assumer et presque impossible à supporter. D’un côté, nous avons l’Occident toujours soucieux de sa posture hégémonique et impérialiste (laquelle transparaît dans les propos de certains personnages), et de l’autre, des migrants africains incapables de se soustraire de l’Histoire qui leur impose le statut d’assistés voire de personnages de seconde zone. Confrontée au problème de l’alternative entre le passé colonial marqué par les brimades, les abus, les violations des droits humains, etc. et les réalités postcoloniales avec ses problèmes dont la question migratoire, la littérature africaine francophone tente de tracer la voie au réexamen d’un passé récent dont les conséquences sont permanentes. Ce dilemme impose à certaines figures du roman des crises intérieures sous diverses formes, à l’image du personnage central dans le roman de Mabanckou, dont l’histoire rappelle le parcours de millier de candidats à la migration.

Pris entre deux mondes et deux cultures évoquant le bazar (lequel donne son nom au roman), les personnages, dont Fessologue, s’acharnent à conserver leurs origines tout en cherchant à s’intégrer dans la culture occidentale, au point qu’on observe que quelques-uns vont jusqu'à se décrêper les cheveux et se blanchir la peau. Ce bazar dans lequel évolue la communauté noire immigrée est la conséquence de la colonisation que le roman passe au peigne fin, écorchant au passage l’Afrique des indépendances avec ses dirigeants corrompus, ceux du Congo-Brazzaville notamment, qui « ont du pétrole et du bois bandé chez eux » sans que cela ne profite au grand peuple (Mabanckou, 2009 : 36, 38). L’ironie et le rire se mêlent à l’autodérision (en critiquant Sassou Nguesso, Président du Congo, Mabanckou semble porter lui-même ses propres critiques en tant que fils du pays), au pathétique des descriptions et des allusions, repérables dans le parcours de la plupart des Africains immigrés et dont l’histoire repose sur une alchimie des réalités de l’ici et de l’ailleurs. L’univers fictionnel que propose Mabanckou est construit autour des malheurs de Fessologue qui n’est pourtant pas celui qui « creuse le trou de la Sécurité sociale » (2009 : 23). Pour ainsi dire, le héros du roman refuse d’être tenu responsable d’une éventuelle difficulté de la trésorerie française, les migrants (selon lui) n’étant nullement concernés par cette question.

À l’instar de la plupart des migrants qui sont accusés d’être à la base des problèmes économiques de leur pays d’accueil, de compromettre l’accès à l’emploi aux autochtones (l’actualité récente en Afrique du Sud, qui a été marquée par des scènes de meurtres et de pillages de certains autochtones vis-à-vis des étrangers, les Nigérians en particulier, qu’ils accusent de leur voler leurs emplois), Fessologue et ses amis migrants doivent faire l’amère expérience d’un pays d’accueil hostile qui suscite une interrogation sans réelle réponse : faut-il rester dans le pays d’accueil avec son lot de désillusion ou retourner dans son pays d’origine qui n’offre pas de sécurité sociale et économique crédible ? Les querelles liées au processus d’intégration, à l’identité et à la culture, qui sont des paradigmes de la mobilité, offrent à l’écriture migrante la posture épistémologique de l’entre-deux dont le personnage-migrant est la figure représentative. Le point commun entre la mobilité du migrant et son processus d’intégration est la crise identitaire qui se présente à lui, face à l’impossibilité du compromis, à l’hybridité, à la tension spatiale, au « double… soi » (il est partagé entre sa terre d’accueil qui le rejette et son pays d’origine). Le péril parisien des aventuriers africains, avec sa galère et son bazar (identitaire, linguistique, social, spatial…), porte le projet social de Mabanckou, qui légitime une écriture de la migration dont les contours (variés et multiples) sont mis en texte pour mettre aux yeux du monde une réalité postcoloniale majeure et dont la responsabilité incombe à la fois à la France et à l’Afrique.

2. Black bazar ou la polémique migratoire entre l’Afrique et la France

Ces dernières années, la polémique liée à la migration des Africains vers l’Occident ne cesse de faire des vagues. La littérature n’est pas en reste dans ce débat qui passionne et anime notamment les lignes du roman. Des auteurs, et non des moindres, ont produit des œuvres pour transcrire l’expérience de la migration dans laquelle sont perçus le caractère déstabilisant du pays d’accueil, le trauma de départ et les mutations identitaires frustrant le Sujet migrant. Places des fêtes de Sami Tchak (2005), Le ventre de l’atlantique de Fatou Diome (2005), Le paradis français de Maurice Bandaman (2008), etc., posent, pour l’essentiel, la problématique de la migration et le statut d’émigré/immigré marqué par les difficultés d’intégration, le poids des préjugés et des malentendus. Si ces textes narratifs rappellent certains romans africains de la première génération qu’on a vite fait de rattacher à la littérature de l’immigration (Mirages de Paris d’Ousmane Socé, 1937 ; Un nègre à Paris de Bernard Dadié, 1959 ; etc.), ils ont la particularité de s’inscrire dans la problématique de la migration dans laquelle les questions liées aux mutations identitaires, à la culture, à l’identité, à l’obsession du pays d’accueil et aux difficultés d’insertion tiennent le haut de l’écriture.

En arrière-plan d’une écriture qui touche à des questions culturelles, identitaires, civilisationnelles, linguistiques, etc., se dresse la mémoire de la colonisation qui crée une tension entre l’Afrique et l’Occident. Le sujet de la colonisation et ses conséquences continuent d’alimenter les écrits des auteurs migrants qui ont une volonté quasi unanime de se positionner contre la tentative de nier les rapports conflictuels postcoloniaux entre l’Afrique et l’Europe. À travers leurs personnages, on assiste à ce que Jean Sévry appelle « une transparence des réalités […] » qui consacre le divorce entre la fiction et la réalité au sens platonicien. Il ajoute :

Jamais le lien qui unit un contexte historique à des productions littéraires n'a été sans doute aussi fort. Si la littérature peut se définir comme un système de représentations de la réalité, il faut ajouter […] que la fiction finit par constituer un écho pour des réalités socio-économiques très concrètes. Les écritures, souvent, s'en retrouvent écrasées et comme aplaties de réalisme (Sévry, 1989 : 9).

Le texte de Mabanckou, qui reprend la complainte permanente des immigrés en proie aux dures réalités de l’immigration et à leurs infortunes dans les sociétés d’accueil, pose le problème de l’héritage colonial et des défis à relever lorsque (malgré le temps et les efforts) le racisme, l’altérité, le mépris et l’exclusion refusent de disparaître. Comme bien d’autres écrivains de la postcolonie, Mabanckou tente de cerner les questions sur les notions de cultures et d'identités postcoloniales qui ont une représentation polémique. En témoignent ces propos (qui foisonnent dans son roman) d’opposants à la migration des Africains vers l’Europe : « congolais lâchement installé en Europe » (Mabanckou, 2009 : 39), « Ya d’autres pays en Europe », et non pas seulement la France, dans lesquels les Africains peuvent aller, sinon « retourner » dans leurs « cases en terre battue » (2009 : 37), « ceux-là viennent tout droit de la brousse profonde » (52). D’ailleurs, les Africains migrants s’opposent à ces dérives langagières et refusent d’assumer à eux seuls cette part d’héritage de la colonisation et de ses conséquences que l’Europe tente d’éluder. D’où ces propos : « L’Occident nous a trop longtemps gavés de mensonges et gonflés de pestilences » (23) ; « La nostalgie, il [M. Hippocrate] ne sait pas ce que c’est. Lui, son pays c’est la France, et il me gueule sa fierté d’être né français de souche » (37) ; « J’en ai marre de balayer les rues de la Gaule alors que je n’ai jamais vu un Blanc balayer les rues de ma Côte d’Ivoire » (102-103) ; etc.

À travers ces propos de part et d’autre, on note une tension entre l’Afrique et l’Europe, entre l’ici et l’ailleurs. Les migrants sont perçus comme des envahisseurs, des malfaiteurs qui s’adonnent à des « orgies », consommant des « drogues nouvelles », se livrant au « trafic illégal » de stupéfiants, lequel fait du célèbre marché de château rouge « le quartier général de la pègre africaine » (35). Quant au pays d’accueil (la France), il est considéré comme l’espace de la désillusion, de la perte de soi, du manque, du paradis perdu. En mettant en relief ce que Jean-François Côté appelle « la rencontre de l’altérité » (2003 : 499-523), le roman de Mabanckou traduit la difficile cohabitation entre deux pôles déictiques, entre deux identités culturelles qui s’affrontent à travers leurs personnages. Ce qui frappe dans les lignes du roman, c’est le procès dirigé aussi bien contre les Africains que la France. Lieu de la désillusion, la France, pourtant terre des libertés, est l’espace de la confrontation et du non-droit dans l’imaginaire des Africains qui se réfugient dans l’alcool, le sexe et la drogue pour apaiser leur souffrance.

La polémique que soulève Mabanckou, lorsqu’il décrit aussi bien les dérives de l’espace d’accueil que les dérapages des Sujets migrants, reste consubstantielle d’une volonté de faire assumer à chaque partie la crise migratoire postcoloniale qui affecte les relations entre l’Afrique et l’Occident. La question de fond est de savoir s’il est possible d’accuser uniquement la France d’être à la base des malheurs des Africains migrants, lorsque ceux-ci s’adonnent à des pratiques qui ne respectent pas « l’âme », les valeurs, la culture et les habitudes de l’Occident, notamment les nuisances sonores, les « odeurs » qui se dégagent de leurs appartements (Mabanckou, 2009 : 36), la complicité avec des « clandestins de France et des pays voisins » qu’ils emmènent dans leurs immeubles (2009 : 98).

Si, selon Clément Moisan, les questions de l’ici et de l’ailleurs sont deux « formes et états qui entraînent un déracinement et un enracinement, une polarisation sur l’ici et l’ailleurs, la recherche d’une identité dans l’altérité, en somme une double appartenance » (2008 : 63), les crises qui en sont les conséquences dévoilent la cristallisation des relations entre deux pôles déictiques. Ces crises prenant leur point de départ dans le trauma du pays d’origine (les migrants sont généralement sous le traumatisme des crises socio-économiques et politiques, la violence) se nouent dans le pays d’accueil devenu un piège, de sorte que le Sujet migrant qui « n’est plus fixé à un espace » se trouve partagé entre « l’ici-passé et l’ailleurs-maintenant » (Konan, 2015 : 183-200). L’Ici-passé dont parle Louis Konan renvoie au pays d’origine en proie aux troubles, à la violence, à la dictature, à la galère que fuient les migrants pendant que l’ailleurs-maintenant évoque le pays d’accueil qui ne peut accueillir « la misère du monde ». Vu que le roman de la migration prend son sens dans la tension interspatiale (où l’espace d’accueil devient un lieu de conflit) dans la confrontation et la cristallisation des rapports, Mabanckou s’efforce de mettre en conflit deux espaces qui se forgent, selon Janet Paterson, dans un « no man’s land » (2008 : 87-102) : l’un s’accroche à son identité, à ses valeurs et à son histoire ; l’autre tente de s’insérer, de forcer la cohabitation en s’acharnant à intégrer ses habitudes et sa culture dans un espace pourtant austère.

En effet, l’espace parisien ne laisse pas de répit à Fessologue et à ses amis africains qui doivent faire face à toutes formes de rejet, à une terre d’accueil terrifiante, jalouse de sa culture et de sa civilisation. À l’inverse, les Sujets migrants, pour lutter contre les formes de discrimination, menacent de « bâtardiser la Gaulle par tous les moyens » (Mabanckou, 2009 : 103) pour en faire un enfer, autrement dit, rendre les naissances illégitimes sur le sol français, une sorte de rébellion face à la difficile intégration dans la terre d’accueil. Le roman de Mabanckou trouve tout son sens dans le conflit culturel, identitaire et civilisationnel entre l’Afrique et la France, puisqu’à travers une histoire d’amour déçu, l’auteur plonge le lecteur dans une aventure migratoire qui dévoile la face cachée des protagonistes de la migration et les réalités du pays d’accueil. Le texte fait le procès de l’Afrique et de l’Europe, mais tente de trouver une solution à un problème qui cristallise les attentions et déchaîne les passions.

La question de la mobilité, de l’écriture migrante n’est donc pas un simple procédé d’écriture, mais une tentative de réécrire le monde, de dévoiler ses contradictions et ses attentes face aux questions cruciales du racisme, de l’intolérance, etc., qui accompagnent un problème devenu un sujet majeur de la littérature africaine francophone moderne et le point de cristallisation des politiques africaines et européennes. Le roman de Mabanckou questionne les mystères de cette migration et le sens des rapports entre l’Europe et l’Afrique postcoloniale au moyen d’une écriture qui épouse les traits d’une aventure du récit, d’un possible narratif.

3. Écrire en migration(s)… avec une écriture instable

Comment transcrire le parcours migratoire de Sujets migrants à travers l’écriture ? C’est ce que certains auteurs-témoins de l’expérience migratoire essaient de mettre en texte. Bien qu’une telle aventure d’écriture semble délicate parce qu’elle touche à des expériences douloureuses, on observe des formes d’écriture originales qui prennent la dimension d’une écriture de la rupture. Mabanckou, à titre d’exemple, propose une écriture touchant à l’aventure du récit et à la fabrique des formes d’écriture qui revendiquent une autonomie narrative. C’est un roman de rupture représentant une réalité qui sape les relations entre l’Afrique et l’Europe. Abordant le style d’écriture du roman, Zacharie Acafou note ceci :

Exploitation massive de clichés, psychologie rudimentaire, ton populacier que l’auteur s’est empressé de jeter sur du papier, sans doute pressé par le besoin de publier. L’incohérence dans la construction de ses personnages, sans compter les changements subits de registres de langues, accordent un manque énorme de subtilité et de finesse à ce roman… Et quand le personnage principal Fessologue s’exprime, le lecteur a souvent droit à ce genre de propos laborieux (2009).

Le bazar ponctuant la vie des migrants parisiens et qui donne son titre au roman est soumis à une écriture qui s’inscrit dans le prolongement des écrits transgressifs de Mabanckou, d’où ce désordre qu’observe Acafou, et qu’on peut ranger dans un tel registre discontinu. Le roman de l’écrivain congolais décrit de façon crue une réalité qui frappe aussi bien l’Afrique que l’Europe. Le texte est traversé par des sujets liés au racisme (selon Fessologue, M. Hippocrate ne cesse de lui gueuler « sa fierté d’être né français de souche », Mabanckou, 2009 : 36), à l’alcool, au sexe, à la prostitution, à la drogue. Le ton est martial et les descriptions sont ouvertes pour donner une claire idée des réalités de la migration qui continuent de hanter les esprits. Le conflit culturel entre Noirs et Blancs, bien que n’étant pas un sujet nouveau, permet de montrer la face sombre des rapports entre l’Afrique et l’Europe au lendemain de la colonisation. La critique semble poser le sujet de la migration sous l’angle d’un conflit culturel à l’instar de celui qui a marqué la littérature ante-coloniale avec les figures de proue qu’étaient Césaire, Senghor, etc., et qui évoquaient les rapports difficiles entre Noirs et Blancs sauf que celui-ci, postcolonial, semble ne pas comprendre cette logique d’altérité systémique, au moment où tous parlent d’intégration, de brassage culturel, de liberté de circulation.

Le lien métaphorique entre Black et bazar, qui est une forme d’euphémisation de noir, trahit une remarquable écriture qui est aussi une sorte de pont entre l’Afrique et l’Europe, entre le migrant et sa terre d’accueil, hostile ; une écriture qui est somme toute marquée par le sceau de l’histoire et des réalités postcoloniales. Selon des analystes dont Justin Bisanswa, les romans de Mabanckou, à l’instar de Black bazar, fonctionnent comme une partie de la société à l’échelle réduite. Bisanswa souligne, par exemple, que « le roman montre comment la société française a perdu sa fonction médiatrice avec autrui » et de quelle manière « elle se replie dans ses traditions ethnocentriques, s’y rattache jalousement et les défend contre ceux des peuples qu’elle croit avoir initiés aux changements », avec comme résultat, des rapports conflictuels entre « ces groupes sociaux » (Bisanswa, 2011 : 19-49). Ce point de vue (fondé) de Bisanswa dans un contexte postcolonial marqué par des politiques de cloisonnement et de protectionnisme, soulève la problématique des rapports entre le Noir et le Blanc. D’ailleurs, l’écriture de Mabanckou rappelle les romans de Dany Laferrière et ceux de Louis-Philippe Dalembert. Dans Rue du Faubourg-Saint-Denis (2005), Dalembert, par exemple, raconte la vie quotidienne, dans cette rue, d’un enfant qui ne sait pas qu’il est haïtien. La question de l’identité, de la territorialité et de la culture est mise en exergue pour montrer l’une des faces sombres des sociétés postcoloniales où l’identité du migrant est perçue sous l’angle dépréciatif.

Alain Mabanckou construit son roman dans cet univers conflictuel et cristallisant. Il parle de l’espace parisien comme porteur de conflit entre des migrants (à l’instar d’Yves l’ivoirien), qui disent être venus en France pour faire « payer […] la dette coloniale […] par tous les moyens nécessaires » (2009 : 67) et certains Français de « souche » qui supportent difficilement ce qu’ils considèrent comme une invasion. En plus de tourner en dérision l’aventure migratoire et l’anxiété de l’exil, il propose une écriture de soi dans laquelle on découvre la figure du romancier et une représentation des autres où la force des préjugés et des apparences décentrent le récit. À tout point de vue, le corps favori de l’écriture de Mabanckou reste l’informe, cette forme d’écriture qui trahit les habitudes et qui inscrit le texte dans l’aventure et le possible narratif.

En effet, construit à la première personne à travers la figure du « je » témoin, l’histoire racontée par Fessologue est ici et là interrompue par d’autres personnages qui interviennent pour exprimer des sentiments ou faire des analyses sous la forme de dialogues (39, 49, 105, 202 …). Cette stratégie esquisse une écriture du possible narratif dans laquelle l’occurrence de plusieurs micro-récits bouleverse l’ordre du récit qui devient discontinu. Pour parler comme Yves Chemla (2009), « Mabanckou dit combien l’imaginaire de l’écriture peut briller d’un feu plus intense que l’éclat du monde ». Son roman traduit l’aventure migratoire, avec ses joies éphémères et ses doutes, ses contradictions et ses mystères. La forme autofictionnelle du récit (sous l’angle foucaldien) rappelle la condition de l’auteur qui est dans la peau du Sujet-migrant (son double fictionnel) témoin de la réalité de la migration. Dès l’incipit du roman, le narrateur fait usage de la première personne en évoquant le faux débat sur le trou de la sécurité sociale : « Quand je suis arrivé ici, il existait déjà », dit-il (Mabanckou, 2009 : 23). Le roman foisonne des marques de la première personne (25, 27, 41, 66, 114, 157…) qui témoignent / témoignant d’une présence permanente du héros dans le roman, et de la construction de l’histoire autour de sa personne. Sans être exclusivement l’image ou la représentation de l’auteur, le héros semble cependant assumer le parcours de celui-ci, tout comme les textes migrants sont, en général, la représentation du parcours de leurs auteurs dans des espaces de crise.

Dans la posture d’une contre-écriture marquée par le désordre, la parole libérée, l’écriture de la migration devient cette « autre forme du témoignage, puisque le Sujet migrant est le porteur de l’envers de la mémoire officielle qu’il dénonce par son écriture » (Harel, 2005 : 63). Le sexe, l’alcool, la prostitution (comme celle pratiquée par des Nigérianes pour sortir de la précarité que leur impose une société d’accueil hostile) (Mabanckou, 2009 : 84), etc., ne sont plus des sujets tabous, mais participent à la représentation d’une écriture qui est non seulement de l’ordre de la réalité dicible, mais aussi de l’histoire, celle qui, selon Patrice Nganang (2007), traduit « un lieu du départ et un lieu de l’arrivée » dans lesquels se noue le projet migratoire du migrant.

Mabanckou offre ainsi une écriture de déconstruction dont les multiples facettes montrent les difficultés que connaît la société française à accueillir des migrants, à leur offrir un mieux-être, à l’instar de ce que raconte François Durpaire dans France blanche, colère noire (2006), où l’on découvre l’espoir déçu d’une France incapable d’apporter un épanouissement total. La géographie parisienne (Monoprix, Franprix ; Rue de la Grande-Truanderie ; Château-Rouge ; 16è arrondissement…) (Mabanckou, 2009 : 25, 66, 153) est certes marquée dans le roman de Mabanckou, mais celle-ci évoque tous les espaces occidentaux dans lesquels la lutte pour la survie est ce qui guide la vie des Sujets migrants. Cette fiction de l’aventure parisienne, qui témoigne des contradictions des sociétés modernes, est construite sur les regrets, les déceptions, les trahisons qui semblent marquer Mabanckou, dont l’écriture comble le vide et la solitude caractérisant le plus souvent l’aventure migratoire. Comme Laferrière, qui a dit : « j’écris comme je vis », Mabanckou écrit comme il vit, avec la posture d’un écrivain « naïf » dont le projet social est aussi celui des Sujets migrants (Fessologue notamment) qui rêvent d’une vie meilleure que leur terre d’origine ne peut leur offrir. Dès lors, l’écriture devient totale, tranchée, ouverte et le langage truculent semble faire écho à un problème qui continue de hanter les esprits.

Le jeu des formes, l’écriture désarticulée et cette espèce d’autoflagellation scripturale qui installe son auteur dans l’ambiguïté et le paradoxe consistent à faire du texte littéraire le lieu du désordre et de l’aventure afin d’échapper à toute classification. À l’instar des migrants qui trouvent quelquefois leur chemin dans l’incertitude, dans l’inachevé et dans des lieux de débris, les textes migrants forment une esthétique de l’informe, de la déconstruction, de la violence scripturale qui offrent des formes variables et irrégulières au tissu narratif.

Conclusion

Cette étude de Black bazar d’Alain Mabanckou a permis de voir que l’une des crises auxquelles le monde est confronté aujourd’hui, est la question de la migration et que celle-ci provoque une tension du récit. En effet, nous avons pu noter que l’immigration des Africains vers l’Occident (la France notamment) et leurs difficultés d’intégration sont des motifs paradigmatiques et narratifs autour desquels cristallisent les querelles déictiques de l’ici et de l’ailleurs. S’il est admis que la colonisation a laissé des douleurs difficiles à fermer, la topique de la migration sur laquelle sont construits certains textes narratifs d’immigrés de la diaspora africaine autorise un réexamen de cette notion que la critique (africaine) a du mal à évacuer. C’est le cas de l’écrivain congolais qui soulève la question de l’enfer et du péril parisien des aventuriers africains, avec une vision identificatoire de ce qui est la représentation réaliste des malheurs de la diaspora africaine postcoloniale. Doubles fictionnels et figures fictionnelles et sociales, ses personnages représentent les immigrés noirs en lutte contre la « galère » au bord de la Seine et posent le problème du dialogue et / ou du conflit des civilisations. D’où une écriture de la migration marquée par la crudité de la description et l’aventure du récit, et qui met dos à dos l’Occident et l’Afrique postcoloniale.

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